L'évolution de la voyance à travers les siècles

Dans son livre « Histoire de la voyance et du paranormal », Nicole Eldeman, maître de conférence en histoire contemporaine, propose une chronologie et une analyse des différents domaines du paranormal. Florilège.

Voyance, astrologie, numérologie, parapsychologie, spiritisme... Ces disciplines souvent méconnues, parfois décriées sont mises en lumière par Nicole Eldeman, qui les confronte à l'histoire, aux sciences et aux religions, afin de mieux comprendre leurs origines.

Dans son ouvrage, l'auteur rappelle ainsi que les Chaldéens (9e-6e siècle avant J.-C.) sont vraisemblablement les premiers à avoir établi le principe de l'horoscope pour prédire l'avenir. L'astrologie, qui vise à prédire les destins personnels s'est exportée en Grèce, puis dans le monde gréco-romain. Il a tout de même fallu attendre le Moyen-Âge et l'arrivée de l'imprimerie pour que cette discipline prenne de l'ampleur : une diffusion plus large des ouvrages savants a permis de populariser l'astrologie. Les souverains de l'époque ont alors pris l'habitude de faire appel à des astrologues pour les conseiller ou les aiguiller dans leurs prises de décision.

Au seizième siècle, l'astrologie est homologuée par les médecins, qui sont alors convaincus de l'existence de liens entre l'homme et l'univers. Le célèbre Michel de Nostredame (ou Nostradamus), dont les prédictions subjuguent encore aujourd'hui, fait figure de proue de cette tendance. À la Renaissance, le médecin est devenu un expert dans l'art de décrypter le message des corps et des astres.

Ce qui n'a pas empêché l'Europe chrétienne de souvent associer la voyance à la sorcellerie, et ce jusqu'au dix-neuvième siècle. Passée cette période, la voyance est devenue un métier à part entière : de nombreux cabinets ont pignon sur rue, ce qui témoigne de la relative importance de la discipline dans la société. Il faut dire que les voyantes (ce sont majoritairement des femmes) rassurent et consolent la clientèle parfois désoeuvrée qui vient les consulter. Rien de surprenant, donc, à ce qu'elles se soient installées dans les salons, aient colonisé les cabarets à la mode et se soient imposées parmi les illusionnistes ou magnétiseurs. Véritable curiosité, la voyance est devenue un spectacle plus ou moins encadré (des traités sur la chiromancie, un des supports principaux utilisés par les médiums, apparaissent aux alentours de 1840), et se diversifie.

En 1857, le spiritisme, héritier du somnambulisme magnétique et digne descendant du mouvement spiritualiste nord-américain, a fait son apparition en France. Sa pratique a été popularisée par une anecdote qui remonte à 1848, et qui relate que des esprits se seraient manifestés auprès de deux sœurs, les Fox, en frappant sur les murs d'une maison d'Hydesville et en soulevant des pieds de table. Les deux sœurs, qui ont élaboré un code afin de pouvoir traduire les coups frappés en mots ne manquèrent pas de se donner en spectacle, en privé puis en public dès 1850, accompagnées par leur mère.

Le spiritisme a permis l'évolution rapide des différentes formes de communication avec les esprits, qui ont ensuite été utilisées par les voyants : c'est aujourd'hui le cas des médiums spirit. De même, l'écriture automatique s'est développée. Pour travailler, les médiums posent un crayon dans leur main et attendent qu'un esprit en dispose...

Au vingtième siècle, voyance et astrologie se lient encore davantage. Les frontières se brouillent, les supports nécessaires aux prédictions des médiums se diversifient : boule de cristal, tarot, numérologie, chiromancie... La voyance est désormais omniprésente, l'horoscope se glisse dans les pages des journaux hebdomadaires, s'invite à la télévision et sur Internet. Les individus la pratiquent naturellement, elle va de soi et fascine toujours autant, ce qui nous laisse à penser qu'elle a encore de beaux jours devant elle...